Le Pelvoux, 3943 m, dans les nuages

Nous sommes 4 pilotes du club inscrits à la compète de Vallouise : Loïc Boulven (première compète), Laurent Pajot, Quentin Missault et moi-même.

Prologue
Pour mettre toutes les chances de mon côté, j’arrive sur le site 2 jours avant. Le premier jour je refais une manche de l’année dernière qui avait été stoppée à cause de trop de vent du nord. Mais cette fois, avec moins de vent et des plafs à presque 3800 m, je boucle les doigts dans le nez. Le lendemain avec des prévisions météo toujours fumantes je tente la classique du site, le triangle Puy Aillaud – Aiguilles de Chabrières – Tête de l’Estrop.  Un vol de 140 km qui fait traverser le lac de Serre-Ponçon. Je fais une erreur de débutant car en quittant le Mont Guillaume à 3300 m je n’arrive pas à raccrocher aux Aiguilles de Chabrières, contré par la brise qui vient de Gap.

Le lac de Serre-Ponçon depuis le Mont Guillaume. À droite, les Aiguilles de Chabrières

Je fais demi-tour trop bas et je pose au pied du Mont Guillaume. En fait je suis arrivé trop tard (13h), la brise était déjà bien établie, il fallait essayer de traverser directement sur le Morgon mais là, un des pilotes avec qui je volait a posé sur la plage à Savine.

Manche 1 – 17/06/2023

60 pilotes sont inscrits à la première manche. Cette année le déco se fait du sommet de la station de Pelvoux. On prend 2 télésièges non débrayables, on a le temps de discuter et d’admirer le paysage. Parce que moi, une fois en vol, j’ai plus-tôt tendance à regarder où je vais pour éviter les autres pilotes, en fin ça c’est au début, avant le start, parce qu’après je ne vois souvent plus personne, et pas parce que je suis devant…

Briefing – Course au but – 46 km

Les prévisions sont excellentes avec encore des plafs qui dépassent les 3000 m, la manche fait 46 km avec la traversée de la vallée de la Durance réputée pour ses brises soutenues (l’organisateur nous préviens : « Les atterros sont confortables, les conditions un-peu moins… »). On charge la manche, grâce au QR code envoyé par l’orga sur WhatsApp, sur les diverses applis (XC Track, SeeYou, FlySkyHigh…). L’ouverture de la fenêtre de décollage est à 10h 30 et le start à 11h 15. Ça laisse 45 mn pour s’acclimater.

Pour une fois je suis bien placé et très haut juste avant le start. Je pars en direction de B1, le sommet de la tête de Gaulent, un peu en retrait du groupe de tête mais bien plus haut. J’arrive à la dernière crête à franchir avant de claquer B1 en même temps que Laurent. On commence à enrouler ensemble mais je perds le thermique et je vois l’enfouaré disparaitre vers le nuage alors que je commence à ratasser. Tout le reste de la compète me passe dessus alors que je suis arrivé dans ce traquenard à 2600 m, 35mn plus tard je suis à 2400 m ! J’en ai marre, je tente la transition et évidemment je raccroche en face très facilement ! Finalement je boucle tout seul, je me dis que pour une fois la radio a été bien silencieuse, j’ai pas été emmerdé par ceux qui déclenchent sans arrête. Normal, je l’avais pas allumée… et donc je n’ai su qu’en me posant que la manche avait été stoppée parce qu’un pilote avait fait secours et que l’hélico arrivait. J’ai alors compris pourquoi des pilotes que j’avais rattrapés n’essayaient pas de faire les dernières balises et j’en avait conclu qu’ils ne devaient pas faire la compète… On apprend que le pilote qui a fait un vrac n’est autre que Quentin. Il va bien, juste des égratignures, il a quand-même été trainé pas on secours dans la caillasse… Il nous racontera peut-être cette mésaventure dans un REX.

On rejoue la manche sur FlyXc

QR code de la manche 1

Manche 2 – 18/06/2023

Briefing – Course au but – 32 km

Dimanche 18 juin, vous pensez qu’on est tous rivé à nos radios pour écouter l’appel du Général. Eh ben non, même si on est en terre de farouche résistance à l’ennemi, ce qui nous intéresse c’est d’en découdre avec les thermiques du massif des Écrins. Aujourd’hui nous sommes 64 participants pour cette deuxième manche de 32 km. 32 km ? Eh ben oui parce qu’on annonce la pluie et du vent à partir de 13h donc il faut faire fissa et l’orga nous assure quand-même une belle manche. 

Une fois n’est pas coutume, j’ai du mal à m’extraire. Au start je suis bien 150 m en dessous ! Alors je décide de tout faire par la cave… bien conscient qu’on ne va pas aller très loin étant donné l’évolution de la météo. Je claque B1 les pieds dans les arbres, je suis à finesse -18 pour claquer B2 et vu la force des thermiques à ce moment-là, je n’ai aucune chance de remonter. Le ciel est plombé et des rideaux de pluies bouchent l’horizon vers l’ouest. Donc j’essaye quand-même de m’approcher le plus possible de B2 puis je vais poser avec pratiquement tout le reste de la compète. 

C’est étonnant de voir 60 ailes poser ensemble à l’atterro. Le vainqueur de la manche est arrivé à faire 17 km !
On a juste le temps de plier et on commence à recevoir des goutes.

QR code de la manche 2

Classement général

Podium hommes :
1er Loann Mazaudier – Niviuk Peak 6
2ème Corentin Lami – Gin Boomerang 12
3ème Simon Bourret – Ozone Photon

Classement CHVD

Laurent Pajot – Ozone Zeolite GT – 14ème
Loïc Boulven – Niviuk Artik 6 – 21ème
Jacques Bayol – Ozone Alpina 4 – 48ème

Pour la petite histoire, Loann Mazaudier avait gagné la compète de Bleine mais n’avait pas 18 ans donc pas classé, à Mieussy il est enfin majeur et devinez quoi ? Il gagne ! Et à Vallouise il monte encore sur la première marche du podium… Faut le surveiller celui-là…

J’étais montée en télésiège avec Giullia Goeller. Elle m’avait raconté qu’elle venait des Vosges et qu’elle était plus habituée à voler en plaine. En plus elle avait le vertige quand ça montait trop haut… Alors, histoire de progresser en montagne, je me suis immédiatement inscrit à la Trans’Plaine qui aura lieu du 30 juillet au 4 août…