Lu dans le courrier des lecteurs de Parapente Mag N° 219

2 OU 3 LIGNES ?

Le test de Marc Boyer sur la Sigma DLS dans votre dernier numéro m’a confirmé dans mon ressenti. En effet, l’an dernier j’ai troqué ma 3 lignes contre une 2 lignes, me laissant tenter par cette tendance. Et j’avoue que je n’ai pas été emballé plus que çà à l’usage, que ce soit en vol, ou au sol, dans la manipulation, la maniabilité etc. Je n’ai tout simplement pas retrouvé les sensations que j’avais sous ma 3 lignes.

Certes, les 2 lignes repoussent un peu plus loin le seuil de fermeture, ce qui est une bonne chose, mais je ne me sentais pas à l’aise en vol, à cause de cette rigidité sous la 2 lignes, qui ne transmettait pas autant que ma précédente 3 lignes. Bien sûr, moins il y a de suspente, moins il y a de trainée, mais est-ce vraiment si important que çà ? Perturbé, j’ai même songé à arrêter le parapente. Mais finalement j’ai revendu ma 2 lignes pour reprendre ma 3 lignes, n’ayant plus rien à prouver, si ce n’est de me faire plaisir en vol dès que les conditions le permettent, sans pression, sans repousser le curseur un peu plus loin. Car il ne faut pas se mentir, bien qu’elles soient d’une étonnante facilité, les 2 lignes ont une exigence tout de même bien différente.
Daniel Bauer

Je vole depuis 2 saisons sous une 2 lignes EN C, une Photon ML Ozone. J’ai 50 ans d’expérience de Vol Libre et je suis 11ème au classement national Sport en 2024.
Voilà ce que j’en pense :

2 ou 3 lignes ? Une question de niveau et d’adaptation

Le témoignage de Daniel Bauer reflète clairement l’expérience d’un pilote qui n’a pas trouvé ses marques sous une aile en 2 lignes. Cela peut se comprendre, mais il est important de remettre les choses en contexte.

Tout d’abord, l’auteur ne précise ni la marque ni le modèle de sa nouvelle aile en 2 lignes, ni ceux de son ancienne aile en 3 lignes. Était-ce un passage d’une EN B à une EN C ? Difficile de juger sans ces éléments, mais cette information est essentielle pour comprendre l’écart de niveau de pilotage exigé.

Les ailes 2 lignes, sont avant tout destinées à des pilotes expérimentés, souvent engagés en compétition ou en cross de haut niveau. Leur pilotage est très spécifique : il est impératif de voler accéléré au premier barreau (environ 1/3 de la course), même en conditions turbulentes. Dans cette configuration, l’aile gagne en solidité et en stabilité. Le pilotage ne se fait alors plus aux freins, mais uniquement par les élévateurs B et la modulation de l’accélérateur. C’est un changement complet de philosophie par rapport à une 3 lignes, et il faut un certain temps d’adaptation.

Essayer de piloter une 2 lignes comme une 3 lignes, c’est aller au-devant d’une mauvaise expérience. Si ce fut le cas ici, la décision de revendre cette aile était sans doute la bonne.

Cela ne remet pas en cause les qualités des ailes en 2 lignes, mais souligne qu’elles ne sont pas conçues pour tout le monde. À chaque pilote son niveau, ses préférences, ses sensations. L’important, en vol, reste de se sentir bien… et en sécurité.

Jacques